Sting, enfin de retour sur scène...
Le chanteur en très grand forme a lancé sa nouvelle tournée mondiale jeudi soir au Zénith de Rouen. Nous y étions.
Le terme "complet" n’a jamais aussi bien porté son nom. Il serait impossible de faire entrer ne serait-ce qu’une âme supplémentaire dans cette salle qui semble déborder. A 20 heures 50, Sting débarque avec quatre musiciens et une poignée de choristes sous les applaudissements fournis. Ceux qui l’ont déjà vu sur scène comme ceux qui connaissent son âge auraient eu toutes les raisons de penser qu’il s’installerait sur un tabouret haut, guitare collée au torse, micro posé face à lui. Mais à 70 ans, Sting est encore plein de surprises.
Tels les jeunes éphèbes qui font hurler les groupies, il a choisi comme tenue de scène un débardeur sombre laissant entrevoir son corps sculpté, une guitare électrique accrochée au cou, et un micro casque pour se laisser le plus de liberté de mouvement possible. Et il ne se privera pas : de grandes enjambées en petits sauts, il naviguera toute la soirée d’un côté à l’autre de la scène, allant tantôt vers la foule, tantôt vers ceux qui l’accompagnent.
Généreux, Sting n’est pas du genre à bouder les classiques que le public adore. Sur ses tournées précédentes, il n’hésitait pas à démarrer sur "Roxanne". Ce soir-là, après avoir ouvert le bal un "Russians" de circonstance , il balance "Message in a bottle" aux Rouennais. "Merci beaucoup!", crie-t-il, en français. Il mettra un point d’honneur à ce que chacune de ses interventions soit dans la langue de Molière.
Après "If you love somebody set them free", il démarre "Englishman in New York" alors que l’écran derrière lui se mue en skyline de la grosse pomme. La scénographie très américaine est essentiellement centrée sur les jeux de lumières. Il enchaîne ensuite avec le morceau de Police "Every little thing she does in magic" puis "If it’s love", titre de son dernier album, "The Bridge". Qu’importe que les chansons soient jouées pour la troisième ou la 500e fois, l’artiste, visiblement ravi de retrouver la scène, n’a pas quitté son sourire du concert.
"Je vais vous jouer une nouvelle chanson. Elle s’appelle "For her love"." L’ambiance s’adoucit et reste ainsi pour "Loving you" avant un retour dynamique sur "The book of numbers" qu’il semble déclamer tel un poème. Le public s’agite ensuite sur "Rushing Water", dernier extrait de son récent album. Une armée de téléphones se lèvent et quelques applaudissements se font entendre aux premières notes de "Fields of gold".
Le public, où l’on croise peu de jeunes, se montre attentif, danse a minima et donne beaucoup à celui qu’il est venu applaudir. Même si à plusieurs reprises, ce dernier n’hésite pas à laisser la vedette à son harmoniciste sur "Brand new day" puis à un de ses choristes pour une version r’n’b de "Shape of my heart".
Le show est conçu comme un voyage. Le vol musical est parti de New York, a traversé plusieurs états des Etats-Unis, et puis "Wrapped around your fingers", "Walking on the moon" revisité version "Get up stand up" puis "So lonely" version "Get up stand up" de Bob Marley ont fait atterrir les spectateurs en Jamaïque. Avant une ultime escale en Orient grâce à "Desert Rose", ce morceau de 1999 où il avait invité Cheb Mami.
Après un "Every breath you take" de haute volée, Sting salue pour signifier la fin de la première partie mais ne prend pas la peine de jouer la fausse sortie de scène. Il boit une gorgée et enchaine directement sur "Roxanne" qu’il étire comme s’il se produisait dans un club de jazz de Manhattan, glissant au passage un extrait du "It don’t mean a thing" d’Ella Ftizgerald. Il finira tout en émotion et en douceur sur "Fragile" avant de saluer longuement la foule, ravie.
Pour son retour en tournée, Sting s’est montré heureux de retrouver le public français, encore plus d’être sur scène et a offert un show d’une rare générosité. Il revient dès la semaine prochaine en province.
(c) Paris Match by Clémence Duranton