Hier soir à Paris… Sting...
Sting était en concert à l'Olympia mercredi soir. Nous y étions également.
Sting n’a pas l’air de trop aimer que tout le monde lui ait dit que son dernier album marquait son grand retour vers le rock vu qu’il ne pensait pas l’avoir jamais quitté. Il était simplement allé taquiner d’autres muses. Et pour son retour à la scène après diverses tournées en compagnie de Paul Simon ou de Peter Gabriel (celle ci viendra peut être en Europe l’année prochaine, il nous a dit qu’il y travaillait), il ne laisse planer aucun doute : il joue du rock, sophistiqué certes, allant souvent puiser son inspiration et ses énergies dans des musiques se situant en lisière, mais dans l’esprit, c’est du rock. Le rock d’un homme intelligent, ouvert à toutes les cultures et qui, à soixante cinq ans, sait qu’il serait ridicule de sauter dans tous les sens comme aux débuts de Police. En démarrant son concert, il nous dit à quel point il était émus de se retrouver sur la scène où s’étaient produits Jacques Brel, Edith Piaf et …. Plastic Bertrand dont il fredonna rapidement "Ca plane pour moi".
Sur scène, l’armature musicale repose sur quatre musiciens : un batteur, deux guitaristes et lui à la basse. Une formule qu’on n’a jamais améliorée, celle des Beatles, celle des Stones. Il a en plus trois jeunes choristes qui interviennent régulièrement – parmi eux se trouve le fils ainé de Sting, Joe Sumner - ainsi que l’accordéoniste du groupe qui était passé en première partie, the Last Bandoleros.
Les deux guitaristes se ressemblent beaucoup. Et pour cause, le jeune homme, Rufus Miller, est le fils de Dominic Miller, le guitariste de Sting depuis vingt cinq ans. On l’avait découvert à l’occasion du concert du Bataclan et il semble maintenant qu’il soit un membre à part entière du groupe. Les deux hommes se partagent les taches, le fils Miller tient souvent la rythmique tandis que papa construit ses solis toujours déconcertants, mais ils se livrent parfois à des duels de guitares où ils se répondent et se stimulent. Rock classique hargneux pour le fils, envolées imprévisibles du père qui écoute aussi beaucoup de jazz. Sting les observe en souriant.
Son fils à lui, Joe, vient le rejoindre parfois au micro et chantera même seul "Ashes to Ashes" un des plus beaux titres de cet autre "Englishman in New York" qui nous fit une blague de très mauvais gout il y a un an. Cette atmosphère familiale semble leur faire réellement plaisir, pères et fils se sourient beaucoup, se mettent souvent cote à cote ou face à face sur scène, mais l’ambiance n’est pas niaisement bon enfant, les seconds doivent faire leurs preuves, montrer qu’ils peuvent prendre les commandes de temps en temps sans faire crasher l’entreprise. Après une heure quarante de concert et la montée en puissance des classiques qui s’enchainent, Sting reviendra chanter "Fragile". La foule le laissera alors partir, apaisée, reconnaissante, heureuse.
(c) Paris Match by Sacha Reins